Les quelques personnes réunies là, autour des tables, dans l’ombre mélodieuse un peu fade du piano – le pianiste égrenait des mélodies à la mode avec ce manque de conviction qui tient lieu de distinction à ce genre d’interprète – n’avaient d’yeux que pour ce couple dont l’égalité dans la beauté effaçait la différence d’âge. Déjà, Nora avait retenu l’attention de la petite assemblée, mais lorsque le grand jeune homme, dont la mèche de cheveux châtain clair mangeait le front au-dessus d’yeux immenses et voluptueux, vint s’asseoir devant elle, l’assistance ne se tint plus de curiosité…
Yves-William Delzenne fut galeriste et commissaire d’expositions d’art contemporain. Le théâtre de L’Esprit Frappeur créa sa pièce Les Désirables. Éternel voyageur dans l’Europe des Arts, il trouve son inspiration en Inde pour D’un dieu ténébreux, fascinant roman qui mit l’accent sur la singularité de son œuvre. Il a publié Un aussi long voyage (2019) et Journal de printemps (2021) et La vie amoureuse (2023) aux éditions Samsa. Delzenne compte parmi les plus grands écrivains.
En savoir plusRipple-marks (1976) est peut-être le plus grave des livres de Muno.
Les chapitres de cet essai, pourtant écrits à divers moments et dans des circonstances variées, sont reliés par un fil conducteur : un regard spirituel sur le monde, qui transcende les expressions poétiques singulières de chacun des auteurs étudiés. Un tel regard est aujourd’hui urgent et nécessaire, et la poésie est à même de le susciter. En effet, elle « offre un démenti calme, clair et ferme à ce qui verrouille le langage humain dans l’étroitesse du matérialisme, le mensonge du mercantilisme ou l’impasse du nihilisme » (Myriam Watthee-Delmotte).