Il existe un malentendu à propos de Georges Rodenbach (1855-1898) : l’histoire littéraire l’a figé dans le rôle du poète mélancolique d’un seul livre, Bruges-la-Morte, ce chef-d’œuvre du symbolisme qui inspira Sueurs froides d’Alfred Hitchcock.
Monté à Paris en 1888 comme correspondant du Journal de Bruxelles, ce parfait dandy à la conversation éblouissante noue en peu d’années des amitiés aussi diverses qu’indéfectibles : Mallarmé, Joris-Karl Huysmans, Octave Mirbeau, Monet, Rodin, le jeune Proust et tant d’autres. Comme journaliste, il écrit avec une régularité de métronome des centaines d’articles pour le Journal de Bruxelles, le Journal de Genève (1895), Le Patriote (1895-1898). C’est toutefois le Gaulois (1889-1891) et le Figaro (1895-1898) qui le feront connaître du grand public de la Ville Lumière.
Ces chroniques parisiennes rehaussées d’impertinence et d’irrévérence permettent de découvrir un Rodenbach passionné de modernité, toujours à l’affût des remous de la vie parisienne jusque dans ses manifestations les plus nobles et ses travers les plus sordides. Un Rodenbach à l’opposé du poète éthéré d’une Bruges qu’il avait décrétée « morte » pour l’amour du symbole. C’est ainsi qu’il évoque les grands prix cyclistes, les courses de chevaux, les découvertes de Pasteur, les asiles de nuit, la délinquance, le droit à l’image, la création d’un fonds d’édition, le plagiat, etc. Ou encore la défense du patrimoine, l’antitabagisme, le colonialisme, le féminisme... Ce choix d’articles de Rodenbach met en lumière un chroniqueur de haut vol injustement oublié et une Belle Époque parisienne qui s’étale sous nos yeux par la grâce d’une plume belge alerte et bienveillante.
Georges Rodenbach (1855-1898) est un poète symboliste, romancier et dramaturge belge. Il est l'un des membres les plus originaux d'un mouvement symboliste qui a su garder son autonomie par rapport à l'école française. Venu à Paris en 1876, il reste cependant le poète de Bruges où il est né. Dans les recueils de vers Jeunesse blanche (1886), Le Règne du silence (1891), Les Voies encloses (1896) apparaît la nostalgie de sa province. Correspondant du Journal de Bruxelles, il s'installe définitivement à Paris en 1888, où son roman Bruges-la-Morte (1892), publié sous forme de feuilleton dans les colonnes du Figaro du 4 au 14 février et en volume en juin, chez Flammarion, chef-d'œuvre du symbolisme, remporte un très grand succès. Cet ouvrage, dont le personnage central est la ville de Bruges elle-même, contribue grandement à la renommée de la cité flamande. Bien que malade depuis de longues années, il publie un autre chef-d'œuvre, également situé à Bruges, Le Carillonneur (1897), qui relate avec réalisme les débats qui animent la ville autour des partisans du projet Bruges-port-de-mer ou Zeebrugge et les défenseurs d'une ville d'art destinée à l'élite de l'humanité. Il meurt à 43 ans d'une appendicite le jour de Noël 1898. Il est inhumé à Paris au cimetière du Père-Lachaise.
En savoir plusJoël Goffin est né à Bruxelles en 1963. Il a publié des guides littéraires à succès (Bruxelles, Bruges et le Brabant) et de nombreuses chroniques. On lui doit le contenu du site consacré à la vie et à l’œuvre de Georges Rodenbach dont il vient de publier les articles journalistiques (Samsa, 2021). En 2005, il fut le Commissaire de l’exposition Georges Rodenbach ou la légende de Bruges au Musée départemental Stéphane Mallarmé (Seine-et-Marne). L’auteur fait partie du comité scientifique du Musée provincial Émile Verhaeren. Il est membre des Amis Philanthropes.
En savoir plusRipple-marks (1976) est peut-être le plus grave des livres de Muno.
Dayez s’intéresse, cette fois, à la justice pénale en tant que système. Façon de boucler la boucle en examinant les traits fondamentaux de tout l’édifice, ses lignes vectrices, et ce dans un double but : d’une part, montrer que, derrière leur apparente évidence, aucun des sacro-saints principes de droit ne va de soi et qu’ils comportent tous une face cachée préjudiciable aux personnes. D’autre part, esquisser ce qui pourrait leur représenter une véritable alternative.