« Il n’y a pas de bon jour pour mourir », ou « tous les jours sont bons pour mourir », n’empêche, pour un Espagnol, le douze octobre n’est pas un jour comme les autres, c’est le jour de la Découverte, le jour de Christophe Colomb, la Fiesta nacional, le Jour de l’Hispanité. Allez mourir un 14 juillet, vous m’en direz des nouvelles ; les pétards, les feux d’artifice, les bals dans les rues…
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Aujourd’hui maman est morte. J’ai reçu un coup de téléphone de ma sœur. J’ai demandé « À quelle heure ? ». Elle ne savait pas, elle a dit « dans la matinée ». C’était un dimanche comme tous les autres, nous étions sur le point de passer à table.
En vérité, je n’en eus, comme on dit, aucune prescience. Et pourtant, à mon insu, et, oserai-je le dire, à mon corps défendant, j’eus ce jour- là un éveil difficile ; toujours cette impression bizarre qui rendait mes réveils nauséeux et ralentissait mes gestes. Elle mourut, c’est un fait, tandis que je m’éveillais. Son agonie se mêla à mes rêves informes. Je m’extrayais des limbes, elle y entrait. Mieux que cela, elle mourut, quelle incroyable coïncidence, un douze octobre. Vous pourrez toujours me rétorquer : « Il n’y a pas de bon jour pour mourir », ou « tous les jours sont bons pour mourir », n’empêche, pour un Espagnol, le douze octobre n’est pas un jour comme les autres, c’est le jour de la Découverte, le jour de Christophe Colomb, la Fiesta nacional, le Jour de l’Hispanité. Allez mourir un 14 juillet, vous m’en direz des nouvelles ; les pétards, les feux d’artifice, les bals dans les rues
Elle avait pris sans le savoir un aller simple pour Sipango…
Annie Massacry est née en 1942 à Saint-Denis-du-Sig en Algérie. Après des études de langue et civilisation espagnoles à la Sorbonne et une carrière de professeur, elle se consacre à l’écriture. Sa formation universitaire et son éclectisme la portent tout naturellement vers des styles et des univers littéraires multiples. Après l’épopée et la veine hispanique dans Nos vies sont des rivières, le roman naturaliste à la française avec Les épopées tranquilles, elle dévoile, avec Julio et moi, une nouvelle facette de son talent : son style, brillant, rappelle les épistoliers du XVIIIe siècle. Elle nous livre aujourd’hui Angola, entre les brumes de nos mémoires, où et Les Balcons de Mostaganem, son art de conteuse flirte avec celui de Joyce, Faulkner et Borges…
En savoir plusRipple-marks (1976) est peut-être le plus grave des livres de Muno.
Le texte que vous allez lire s’adresse non seulement à tous les acteurs politiques, culturels, sociaux mais aussi à tous les ennemis de la bêtise. Lorsque l’état se met à conclure des pactes, surtout d’excellence, on confine au paroxysme de la régression. Déjà que le mot pacte évoque le diable, deux parties qui pourraient ne pas être d’accord (et qui semblent ne pas l’être dans les faits), et puis d’« excellence », sorte de prétention qui pourrait laisser entendre qu’il existe, quelque part, une médiocrité à combattre, voire une bêtise à relever (lire à ce propos L’homme est bête et l’a toujours été, de Roger Avermaete), ce qui pointe vers une prise de conscience d’une déréliction lente – qui ne date pas d’hier.