« Prolifique dans les littératures de l'imaginaire, la Belgique présente pourtant une inconnue à propos du récit d'anticipation. De la fin du monde de Rosny aîné à celle de Luc Dellisse, des aventures spatiales de Bob Morane à la découverte des Cités obscures, du roman scientifique de Henri-Jacques Proumen aux technosciences de Gilbert Hottois, l'anticipation excède les caractéristiques de la science-fiction, croise plus d'une fois l'utopie et redéfinit les rapports entre réel et fiction en une pluralité de mondes possibles. Elle pose des questions cruciales lorsqu'on prend la peine de considérer ses réalisations dans la littérature belge francophone : quels sont les auteurs, les éditeurs et les supports concernés ? existe-t-il des thèmes spécifiques ? quels imaginaires ces fictions privilégient-elles ? comment les genres investis interfèrent-ils avec le merveilleux scientifique, le surréalisme ou le réalisme magique ? En associant des études de cas à une réflexion d'ensemble, les contributions rassemblées dans ce numéro proposent le premier état des lieux d'une production hybride encore peu considérée. Il s'agit d'éclairer la diversité qui caractérise l'anticipation belge, mais aussi de mettre en évidence les raisons de sa faible reconnaissance esthétique et de poser les jalons d'une histoire littéraire capable de saisir des dynamiques multiples de légitimation. »
Valérie Stiénon est maître de conférences en littérature française à l’Université Paris XIII, où elle enseigne la théorie littéraire et la littérature populaire des XIXe et XXe siècles. Elle est co-directrice de la revue COnTEXTES et membre du programme ANR « Anticipation » (ENS-Lyon, 2014-2018).
En savoir plusRipple-marks (1976) est peut-être le plus grave des livres de Muno.
Les chapitres de cet essai, pourtant écrits à divers moments et dans des circonstances variées, sont reliés par un fil conducteur : un regard spirituel sur le monde, qui transcende les expressions poétiques singulières de chacun des auteurs étudiés. Un tel regard est aujourd’hui urgent et nécessaire, et la poésie est à même de le susciter. En effet, elle « offre un démenti calme, clair et ferme à ce qui verrouille le langage humain dans l’étroitesse du matérialisme, le mensonge du mercantilisme ou l’impasse du nihilisme » (Myriam Watthee-Delmotte).