Un jeune homme erre dans Saint-Pétersbourg, entre palais aux teintes pastel et rives de la Neva, sous la lumière irréelle des Nuits blanches. Thomas est cinéaste, venu en repérage pour un long métrage consacré aux mystères de la Chambre d’ambre, le trésor des Romanov. Mais ces préparatifs, le décor et ses personnages, semblent raviver une plaie ouverte, un passé nauséeux.
Une fillette énigmatique s’attache à ses pas, l’appelle, lui rappelle… Il la suit à son tour, la perd, la retrouve à l’entrée de l’Ermitage. Le temps s’abolit, les frontières du réel s’estompent. Précipité dans la Russie révolutionnaire de 1918, Thomas se demande s’il rêve ou reçoit, a contrario, une chance de racheter la faute qui a cisaillé sa jeunesse…
Matriochka. Rarement adéquation fut-elle si optimale entre un titre et un contenu. Telles ces poupées russes emboîtées les unes dans les autres, les voyages s’enchaînent et s’imbriquent, géographiques, oniriques ou temporels. Et les niveaux de lecture, de la poésie du conte à la violence du cauchemar fantastique, à la quête identitaire. Mais ne touche-t-on pas là à l’essence de l’Art, toute œuvre se situant à la confluence des interactions vie de l’auteur/réalité du monde extérieur/matière fictionnelle ? La fiction englobe-t-elle davantage la réalité que celle-ci ne l’englobe ? C’est l’un des mérites de ce récit, au-delà de ses qualités d’écriture, de narration, d’émotion : nous faire vivre ces questions (philosophiques) de plain-pied.
Philippe Remy-Wilkin naît à Bruxelles lors d’une pause capitale de ses parents entre des années africaines et un retour dans le Hainaut d’origine. Il y voit la cause première de son écartèlement entre appétit du grand large et attraction des racines. Il rejoint sa ville natale pour des études philologiques, après lesquelles il organise sa vie autour de l’écriture. Avec deux invariants : l’Histoire et le goût pour le récit captivant. Il a publié à ce jour 19 livres et plus de 350 articles…
En savoir plusRipple-marks (1976) est peut-être le plus grave des livres de Muno.
Les chapitres de cet essai, pourtant écrits à divers moments et dans des circonstances variées, sont reliés par un fil conducteur : un regard spirituel sur le monde, qui transcende les expressions poétiques singulières de chacun des auteurs étudiés. Un tel regard est aujourd’hui urgent et nécessaire, et la poésie est à même de le susciter. En effet, elle « offre un démenti calme, clair et ferme à ce qui verrouille le langage humain dans l’étroitesse du matérialisme, le mensonge du mercantilisme ou l’impasse du nihilisme » (Myriam Watthee-Delmotte).