Le récit qu'on va lire, L'Autre, évoque une communion diabolique qui se fait par le bas. Julien Green a parfois approché de ce monde infernal et plus encore, l'auteur de La Confession d'un pécheur justifié, James Hogg. Dans cette œuvre, comme dans Le Mont des oliviers, Marie-Thérèse Bodart s'efforce de faire sentir l'étroite solidarité qui lie l'homme à l'homme. « Aucun homme n'est une île », a-t-on dit. Nous portons, dans le bien et le mal, sur nos épaules, le destin de tous. Déjà, dans Les Roseaux noirs (Samsa, Bruxelles, 2014), le personnage central, Hubert de Chatelroux, constatait : « J'ai tout perverti autour de moi parce que je suis impur. » Tout l'effort de Marie-Thérèse Bodart tend à rendre à notre monde malade d'irresponsabilité un sens qu'il a perdu : celui de l'importance de chacun de nos actes, de chacune de nos pensées. Si Les Roseaux noirs est une œuvre sauvage, forte et fascinante, elle reste encore marquée par une écriture romanesque « à la française » qui n'est sans doute plus celle de notre temps. Par contre, avec L'Autre et Les Meubles, on détecte un écrivain foncièrement insatisfait, toujours à la recherche du plus vrai et qui va, peu à peu, sans violence mais sans regret, déliter l'intrigue traditionnelle, afin que l'Étrange, le cauchemar, l'exploration des labyrinthes intérieurs prennent le pas sur tout le reste, qui ne sera plus que prétexte. Comme si, à la jeune femme de 1938, héritière du roman psychologique, se substituait un être dont la maturité créatrice se rapproche de l'univers kafkaïen.
Marie-Thérèse Bodart (1909-1981) était romancière, dramaturge, et critique. Elle a été l’épouse du poète Roger Bodart, mère de l’écrivaine Anne Richter et grand-mère de l’autrice Florence Richter. Elle est enfin une des figures majeures des lettres belges, dont on poursuit la redécouverte. Marie-Thérèse Bodart a tenu une importante chronique littéraire dans la revue internationale Synthèses. Son œuvre est rééditée chez Samsa édition.
Ripple-marks (1976) est peut-être le plus grave des livres de Muno.
Dayez s’intéresse, cette fois, à la justice pénale en tant que système. Façon de boucler la boucle en examinant les traits fondamentaux de tout l’édifice, ses lignes vectrices, et ce dans un double but : d’une part, montrer que, derrière leur apparente évidence, aucun des sacro-saints principes de droit ne va de soi et qu’ils comportent tous une face cachée préjudiciable aux personnes. D’autre part, esquisser ce qui pourrait leur représenter une véritable alternative.