Des trois volumes consacrés à des espèces marginales, Le Roman des rats est celui qui semble le moins animé d’un sentiment de passion. Seule la curiosité insatiable de l’auteur, partisan d’une anticipation des théories, maintient le rythme et sollicite notre attention :
Le rat est indissolublement lié au sort des conquêtes humaines. Il s’est attaché à l’homme comme une ombre implacable et pourchasse à ses côtés un idéal animal immédiat où le maître de la création, sans s’en rendre compte, fait involontairement le jeu des parasites qu’il loge, entretient, nourrit et déteste cependant.
La fréquentation assidue des textes de l’historien latin Lampride permet à Robert Goffin d’ébaucher une sorte de chronologie ratière remontant à deux siècles avant notre ère. Les rats sont mis en parallèle avec une sorte de gang de la fiscalité fantomatique qui pille et rançonne l’homme à son insu. L’homme aime à thésauriser. Il y aura toujours un rat pour prélever indûment sa part à coups de dents. Goffin pousse à l’extrême cette thèse en allant jusqu’à prétendre que si le jour appartient à l’homme, la nuit est le domaine exclusif du rat noir et du surmulot, la race du rat brun qui avait envahi l’Europe à la faveur des conquêtes des Vandales ayant totalement disparu…
Robert Goffin (Ohain 1898 - Genval 1984) a été avocat, écrivain et poète, militant wallon… Il fit partie du groupe littéraire bruxellois La Lanterne sourde. Ses activités politiques, dont des polémiques violentes avec le fasciste Léon Degrelle, vont l’inciter à quitter la Belgique devant l’invasion allemande de mai 1940. Son retour dans la Belgique ravagée et les débuts de la résistance avec ses conséquences (arrestation, persécution de patriotes) seront la source de son livre Passeports pour l’Au-delà publié en 1943 à New York. Il est, en effet, parvenu à gagner l’Angleterre d’où il rejoint les États-Unis où il publie plusieurs œuvres (essais, témoignages, romans, poésies…).
En savoir plusRipple-marks (1976) est peut-être le plus grave des livres de Muno.
Dayez s’intéresse, cette fois, à la justice pénale en tant que système. Façon de boucler la boucle en examinant les traits fondamentaux de tout l’édifice, ses lignes vectrices, et ce dans un double but : d’une part, montrer que, derrière leur apparente évidence, aucun des sacro-saints principes de droit ne va de soi et qu’ils comportent tous une face cachée préjudiciable aux personnes. D’autre part, esquisser ce qui pourrait leur représenter une véritable alternative.