Paul Valéry, esprit fin, cultivé, profond et subtil à la fois, avait raison : notre civilisation, nous le constatons à présent de manière on en peut plus tangible avec cette dramatique crise du coronavirus, est, elle aussi, mortelle ! À cette énorme différence près qu’elle s’avère aujourd’hui doublement mortelle : mortelle au sens passif – elle se meurt, inexorablement, et par notre propre faute – mais aussi au sens actif – elle est en train, littéralement, de nous tuer, en une soudaine accélération exponentielle, et toujours par notre propre faute, ce mixte inconsidéré d’inconscience, d’imprévision et d’égoïsme, de piètres calculs toujours à trop courts termes, sans visions d’ensemble, aiguillonnée par le seul intérêt particulier au détriment de l’intérêt général.
Oui, le monde contemporain a les idées courbes plus encore que courtes : voilà pourquoi, désormais, il ne tourne plus rond qu’en apparence. Pis : il se veut tellement réglé, formaté, normatif, telle une parfaite machine à fabriquer un totalitarisme qui s’ignore, un fascisme qui ne dit pas son nom, qu’il a fini, au comble d’un paradoxe aussi vertigineux que compréhensible, par se dérégler, sans plus de limites pour le contenir dans la sphère de la raison, du simple bon sens. Nous en payons aujourd’hui, précisément, le lourd et tragique tribut ! Le système, en ces temps aux rumeurs d’apocalypse, est, manifestement, à bout de souffle : un minuscule mais surpuissant virus peut anéantir, ou presque, sinon une civilisation entière, du moins l’arrogance des hommes ! La technologie, fût-elle la plus sophistiquée, n’y peut rien : la nature, à défaut du cœur, a ses raisons que la raison ne connaît pas !
Allez, courage, hommes et femmes de bonne volonté : malgré l’immense souffrance de ce monde aujourd’hui endeuillé, et par-delà même ce douloureux avertissement qui nous étreint quotidiennement, la guerre n’est pas perdue ! (D.S.S.)
Daniel Salvatore Schiffer (né en 1957), titulaire d’un Diplôme d’Études Approfondies (DEA) interuniversitaire (ULB, UCL, ULG) en esthétique et philosophie de l’art, est agrégé de philosophie et professeur de philosophie de l’art à l’École Supérieure de l’Académie Royale des Beaux-Arts de Liège. Il est l’auteur d’une œuvre philosophique et littéraire impressionnante et compte parmi les grands intellectuels de notre temps : une trentaine d’ouvrages sont traduits dans plusieurs langues à travers le monde.
En savoir plusElsa Godart est chercheuse permanente du Laboratoire interdisciplinaire d’étude du politique Hannah Arendt (LIPHA) à l’université Gustave-Eiffel et directrice de recherche en philosophie et en psychanalyse. Elle a créé et dirige le D.U. «?Éthique et Numérique?» à l’université Paris-Créteil (UPEC). Elle est autrice de plus d’une vingtaine de livres. Récipiendaire du prix des Savoirs 2020 pour l’Éthique de la sincérité. Survivre à l’ère du mensonge (Armand Colin).
En savoir plusRobert Redeker est né en 1954 dans le Couserans au sein des Pyrénées ariégeoises. Agrégé de philosophie, il a été pendant près de 20 ans membre du comité de rédaction de la revue Les Temps modernes. Il fit ses études de philosophie à l’université de Toulouse, où il reçut l’enseignement de Gérard Granel. Il anime sur radio Kol Aviv l’émission L’Entretien infini.
En savoir plusLuc Ferry est né le 3 janvier 1951 à Colombes (Hauts-de-Seine), il est essayiste, ancien professeur de philosophie et ancien ministre français de la Jeunesse, de l’Éducation nationale et de la Recherche. Il est l’auteur de nombreuses publications.
En savoir plusRipple-marks (1976) est peut-être le plus grave des livres de Muno.
Les chapitres de cet essai, pourtant écrits à divers moments et dans des circonstances variées, sont reliés par un fil conducteur : un regard spirituel sur le monde, qui transcende les expressions poétiques singulières de chacun des auteurs étudiés. Un tel regard est aujourd’hui urgent et nécessaire, et la poésie est à même de le susciter. En effet, elle « offre un démenti calme, clair et ferme à ce qui verrouille le langage humain dans l’étroitesse du matérialisme, le mensonge du mercantilisme ou l’impasse du nihilisme » (Myriam Watthee-Delmotte).