Sachez cependant qu’il n’a pas toujours été simple de participer activement à des débats judiciaires dont je désapprouvais entièrement la tenue. Soit qu’ils s’apparentaient à un authentique dialogue de sourds, soit que le déséquilibre des forces rendait d’office illusoire la prétendue égalité des armes. Oui, sachez l’entendre : il m’a été pénible d’assister souvent à des instructions d’audience et d’écouter des réquisitoires à l’égard desquels j’étais dans un désaccord absolu, à tel point que j’en ressentais un accablement doublé d’impuissance. Comme il m’a été douloureux de devoir plaider en étant certain d’avance que je m’évertuerais en pure peine et que tout ce que je pourrais dire, dussé-je en être foncièrement persuadé, n’aurait aucun impact sur le jugement à venir…
Bruno Dayez est avocat au barreau de Bruxelles et chercheur associé à l’Université Saint-Louis. Il a notamment publié, chez le même éditeur?: Pourquoi libérer Dutroux?? Pour un humanisme pénal (2018), Les enfants du droit (2019), Lettre à une jeune pénaliste (2020), Lettre à mes Juges (2021), Lettre au procureur du Roi (2022), Réparer ou punir (2022).
En savoir plusRipple-marks (1976) est peut-être le plus grave des livres de Muno.
Les chapitres de cet essai, pourtant écrits à divers moments et dans des circonstances variées, sont reliés par un fil conducteur : un regard spirituel sur le monde, qui transcende les expressions poétiques singulières de chacun des auteurs étudiés. Un tel regard est aujourd’hui urgent et nécessaire, et la poésie est à même de le susciter. En effet, elle « offre un démenti calme, clair et ferme à ce qui verrouille le langage humain dans l’étroitesse du matérialisme, le mensonge du mercantilisme ou l’impasse du nihilisme » (Myriam Watthee-Delmotte).