Paternalisme : manière de commander avec une bienveillance autoritaire et condescendante.
Qu’on le veuille ou non, avant même d’être venus au monde, nous étions déjà, et de manière indissociable, « sujets de droit » et « sujets du droit », puisqu’à la fois, le droit nous institue comme des personnes et nous assujettit à ses commandements. La liberté qu’il nous octroie a pour double limite ce qu’il nous interdit et ce à quoi il nous oblige. Il n’y a pas d’échappatoire à ce sort : nous sommes bel et bien, en ce sens, les enfants du droit.
Or, quelle est la vocation du droit ? Au-delà le la simple coexistence pacifique entre les individus, condition de possibilité sine qua non de toute vie en société, le droit semble s’immiscer dans le champ de notre liberté individuelle pour nous contraindre à faire ou nous empêcher de faire ce qui devrait dépendre de notre seule volonté. Et cela au nom d’une certaine conception de ce que devrait être notre bien, voire dépendre notre bonheur. Comme si le droit savait mieux que nous-mêmes ce qui est bon pour nous au risque de nous infantiliser.
Cette critique est-elle justifiée ? La vision morale de l’homme qui se dégage de l’analyse à laquelle se livre cet essai est-elle insupportablement moralisatrice ? Ou bien se défend-elle au nom d’une conception de l’humain qui fait primer sa dignité sur sa liberté ? Le débat mérite, en tous cas, d’être posé, car ses enjeux sont considérables pour l’avenir de notre liberté.
Bruno Dayez est avocat au barreau de Bruxelles depuis 1982. Auteur de très nombreux articles et ouvrages, il n’a eu de cesse pendant quatre décennies de se livrer à une analyse critique de toutes les facettes de la justice répressive.
En savoir plusStéphanie Manneh est avocate au barreau de Bruxelles.
En savoir plusManuela Cadelli est juge au tribunal de première instance de Namur depuis 1999, présidente de l’asbl Justice for Rule of Law, elle a présidé l’Association syndicale des magistrats entre 2013 et 2019.
En savoir plusRipple-marks (1976) est peut-être le plus grave des livres de Muno.
Dayez s’intéresse, cette fois, à la justice pénale en tant que système. Façon de boucler la boucle en examinant les traits fondamentaux de tout l’édifice, ses lignes vectrices, et ce dans un double but : d’une part, montrer que, derrière leur apparente évidence, aucun des sacro-saints principes de droit ne va de soi et qu’ils comportent tous une face cachée préjudiciable aux personnes. D’autre part, esquisser ce qui pourrait leur représenter une véritable alternative.