Petrograd, le 25 octobre 1917. Lénine et ses bolcheviks prennent le pouvoir. Depuis le 3 mars, l’Empire tsariste a vécu avec l’abdication du tsar Nicolas II. Trois siècles de la dynastie des Romanov balayés en une semaine. Dans la Russie tsariste, la théorie évolutionniste de Darwin de 1859 est enseignée à l’université de Moscou dès 1860. L’intelligentia russe avait adopté l’idée d’évolution bien avant la parution du livre de Darwin. Une traduction russe de L’Origine des espèces parut dès 1864.
Karl Marx admire Charles Darwin. Dans une lettre à son ami Friedrich Engels (datée du 18 juin 1862), Marx écrit « Il est remarquable de voir comment Darwin reconnaît chez les animaux et les plantes sa propre société anglaise, avec sa division du travail, sa concurrence, ses ouvertures de nouveaux marchés, ses “inventions” et sa malthusienne “lutte pour la vie”. C’est le bellum omnium contra omnes de Hobbes. » Engels déplora la « bévue malthusienne » de Darwin.
Dans une autre lettre adressée à Engels le 19 décembre 1860, Marx écrit : « Voilà le livre qui contient la base, en histoire naturelle, pour nos idées. »
Marx envoie à Darwin la seconde édition (1873) de son Das Capital accompagnée d’une dédicace. Darwin le remercie poliment de cet honneur en octobre 1873 mais avoue humblement ne rien connaître à « l’important et profond sujet qu’est l’économie politique » (sic.).
Lénine considéra le Darwinisme comme une théorie « matérialiste » du monde vivant.
Louis de Thanhoffer nous offre une passionnante histoire des liens qui se tissent entre les idées du penseur et du scientifique, de leurs conséquences sur les développements de la génétique, sur la politique… des lois de l’hérédité du moine Gregor Mendel à la théorie chromosomique de l’américain Thomas Hunt Morgan en passant par celle du plasma germinatif de l’allemand August Weismann (1892), celle de l’anglais William Bateson, le généticien russe Iurii Filipchenko (1882-1930), l’embryologiste et morphologiste Richard von Hertwig (1850-1937).
Staline décréta le néo-lamarckisme comme la seule vraie approche marxiste au problème de l’hérédité. Il interdisit la recherche et l’enseignement de la génétique « bourgeoise » et des équipes entières de généticiens furent décimées et dispersées. Nombre de généticiens, cytologistes, évolutionnistes russes réfractaires au néo-lamarckisme disparurent dans le Goulag soviétique. Pour les communistes sous l’ère stalinienne (1924-1953), Darwin conduisait tout droit à l’eugénisme, au racisme et à Hitler !
Louis de Thanhoffer de Völcsey a toutes les compétences, expériences et connaissances nécessaires qui lui ont permis, durant plus de dix ans, de réaliser la présente somme. Il a passé des heures, des journées entières, à lire les éditions originales de Cuvier, de Darwin, de Haeckel, à prendre des notes sur son grand cahier à lignes, constituant ainsi, progressivement, le cheminement de la riche matière de son livre. Outre ses talents de narrateur, Louis de Thanhoffer est avant tout biologiste moléculaire, pas seulement de formation, mais issu directement de la pratique et de la recherche. Il a notamment travaillé à l’institut Pasteur de Bruxelles (département de virologie), ensuite dans le laboratoire de biologie moléculaire du Prof. Dr Walter Fiers à l’université de Gand, et dans les laboratoires de recherche de la société Janssen Pharmaceutica à Beersel sous la direction du regretté Dr Paul Janssen.
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Ripple-marks (1976) est peut-être le plus grave des livres de Muno.
Les chapitres de cet essai, pourtant écrits à divers moments et dans des circonstances variées, sont reliés par un fil conducteur : un regard spirituel sur le monde, qui transcende les expressions poétiques singulières de chacun des auteurs étudiés. Un tel regard est aujourd’hui urgent et nécessaire, et la poésie est à même de le susciter. En effet, elle « offre un démenti calme, clair et ferme à ce qui verrouille le langage humain dans l’étroitesse du matérialisme, le mensonge du mercantilisme ou l’impasse du nihilisme » (Myriam Watthee-Delmotte).