Déborah Lifchitz, une des premières ethnologues à avoir fait des recherches en Afrique aux côtés de Michel Leiris, puis Denise Paulme, déportée et assassinée à Auschwitz dans la réalité, survit et part au Congo Belge avec Vital, un compagnon d’origine grecque, victime des expériences médicales dans les camps. Déborah et Vital se rencontrent à l’hôtel Lutétia en été 1945, où les déportés ont été ramenés ; on se retrouve d’emblée dans le Paris de l’immédiat après-guerre.
Vital fait partie de la communauté séfarade de Rhodes, implantée au Congo depuis le tout début du xxe siècle, c’est donc sa famille qu’il va rejoindre à Kinshasa, puis à Stanleyville (aujourd’hui Kisangani). La vie de cette communauté au Congo (très peu connue chez nous) est évoquée dans le détail de sa vie quotidienne (à lire Carol Mann on ne peut s’empêcher de penser aux descriptions de George Orwell dans Une Histoire birmane, ou d’André Gide dans Voyage au Congo).
Déborah est confrontée au système colonial belge, elle se révolte contre l’injustice de son fonctionnement, alors qu’avant-guerre, en tant qu’ethnologue durant ses voyages en Afrique, elle ne l’avait pas vraiment mis en question. Elle rencontre Patrice Lumumba (et d’autres futurs activistes), elle se lie avec l’un d’entre-deux, Félix ; leur histoire sentimentale deviendra un véritable scandale de mœurs.
Ce récit est le résultat d’un travail de recherche remarquable, à la fois sur le fond et la forme. Il a débuté lorsque Carol Mann a vu une tombe juive dans le cimetière de Kisangani et qu’elle a tenu à remonter la filière.
Le personnage du trafiquant, Joseph Joanovici à Paris, pendant l’Occupation, et celui de la puissante marchande Balimanga, sont réels. Patrice Lumumba était effectivement à Stanleyville à cette époque mais n’avait encore rien du révolutionnaire qui sommeillait en lui. Enfin, toutes les références sont tirées de documents authentiques.
Voici un livre magistral qu’on ne lâche pas et dont on ne sort certainement pas indemne
Carol Mann est historienne de l’art et sociologue, spécialisée dans la problématique du genre et du conflit armé dont elle a contribué à initier l’étude en France, à partir de ses propres travaux, dès 1993, en Bosnie durant le siège de Sarajevo. Chercheure associée à l’Université de Paris 8, elle a crée l’association Women in War, à la fois pôle de recherche et association humanitaire œuvrant dans des zones de guerre, dont la RDC et l’Afghanistan.
En savoir plusRipple-marks (1976) est peut-être le plus grave des livres de Muno.
Dayez s’intéresse, cette fois, à la justice pénale en tant que système. Façon de boucler la boucle en examinant les traits fondamentaux de tout l’édifice, ses lignes vectrices, et ce dans un double but : d’une part, montrer que, derrière leur apparente évidence, aucun des sacro-saints principes de droit ne va de soi et qu’ils comportent tous une face cachée préjudiciable aux personnes. D’autre part, esquisser ce qui pourrait leur représenter une véritable alternative.