Le texte que vous allez lire s’adresse non seulement à tous les acteurs politiques, culturels, sociaux mais aussi à tous les ennemis de la bêtise. Lorsque l’état se met à conclure des pactes, surtout d’excellence, on confine au paroxysme de la régression. Déjà que le mot pacte évoque le diable, deux parties qui pourraient ne pas être d’accord (et qui semblent ne pas l’être dans les faits), et puis d’« excellence », sorte de prétention qui pourrait laisser entendre qu’il existe, quelque part, une médiocrité à combattre, voire une bêtise à relever (lire à ce propos L’homme est bête et l’a toujours été, de Roger Avermaete), ce qui pointe vers une prise de conscience d’une déréliction lente – qui ne date pas d’hier.
Ce texte est une mise en garde, parmi tant d’autres sans doute, hélas niées par la société au profit d’une course au finish comme disent bêtement certains, vers la croissance mondialisée – des mots auxquels on n’a jamais vraiment donné de sens ni de valeur, ou trop, sinon ceux du profit, de l’argent, à tel point qu’on en a perdu les valeurs humaines, les racines de nos émotions, de notre pensée, la base d’une dialectique permettant l’organisation sociale du bonheur et pas seulement du bien-être (à ne pas confondre).
Celui qui s’est arrêté de penser pour gagner du temps et de l’argent, finit par ne plus exister. Je pense, donc je suis, a écrit quelqu’un. N’y a-t-il pas un choix à faire. Être ou ne pas être, a écrit un autre…
Christian Lutz est né à Léopoldville en 1954. Il est éditeur à Bruxelles, où il a dirigé les éditions Le Cri de 1981 à 2013. L’histoire et la littérature se trouvent parmi ses sujets de prédilection. Il a fondé les éditions Samsa en 1999.
En savoir plusRipple-marks (1976) est peut-être le plus grave des livres de Muno.
Les chapitres de cet essai, pourtant écrits à divers moments et dans des circonstances variées, sont reliés par un fil conducteur : un regard spirituel sur le monde, qui transcende les expressions poétiques singulières de chacun des auteurs étudiés. Un tel regard est aujourd’hui urgent et nécessaire, et la poésie est à même de le susciter. En effet, elle « offre un démenti calme, clair et ferme à ce qui verrouille le langage humain dans l’étroitesse du matérialisme, le mensonge du mercantilisme ou l’impasse du nihilisme » (Myriam Watthee-Delmotte).