Saint Augustin (354-430) est une figure majeure des premiers temps du christianisme. Après une jeunesse tumultueuse, il se convertit à la foi chrétienne sous l’impulsion de sa mère, Monique. Acclamé évêque d’Hippone dans son Afrique natale, il s’affirma comme un des principaux penseurs de l’Occident. Il combattit les hérésies et construisit sa propre doctrine, marquée par la toute-puissance de la grâce, sans laquelle les hommes ne peuvent espérer le salut. Sa pensée en fait l’un des plus importants pères de l’Église.

Augustin est l’auteur d’un grand nombre de traités, mais aussi des Confessions, une œuvre où il raconte sa jeunesse avec une grande sincérité. On y apprend qu’il vécut treize ans, jusqu’en 384, avec une femme dont il eut un enfant, puis dont il se sépara.

La femme de saint Augustin donne la parole à cette personne, témoignage d’une femme pour qui le brillant intellectuel ne fut tout simplement qu’un homme qu’elle aimait.

« Il n’a jamais eu l’esprit pratique, mon Augustin ! C’est un rêveur, toujours dans la lune, dans les nuages, à cogiter, à se triturer les méninges ! Aucun sens des réalités ! Sauf pour sa carrière, il faut le lui reconnaître. Là, il a su y faire. Quand on pense qu’elle a commencé ici, dans un bled comme Thagaste, sa ville natale, il y a seulement quatorze…, non, même pas, il y a treize ans. Frais émoulu professeur ès lettres. Qu’est-ce que j’étais fière de lui, moi sa petite femme, quand je le regardais partir le matin à son cours. Je me tenais sur le seuil de la maison, notre petit loustic dans les bras, et je lui disais : “Fais au revoir à papa !”  »