Dans l’essai Mes Amériques (1956), l’auteur relate sa rencontre avec un vagabond sur un pont dans une grande ville, ou celle avec le physicien Robert Oppenheimer (« père de la bombe atomique ») lorsqu’ils évoquent les relations entre science et poésie.
Dans les Dialogues africains (1952), on lit son échange avec l’écrivain congolais Paul Lomami Tshibamba, ou avec le chanteur Monongo, sa découverte de l’art pictural (Pilipili Mulongoy notamment), et son intérêt profond pour la spiritualité animiste (comme seule possible relation respectueuse au monde ?).
Dans Dialogues européens (1950), Bodart anticipe « l’oubli de la culture » dans la construction européenne ! Selon lui, il existe deux Europe : celle qu’on « veut faire », du monde économico-politique, et celle qui « se fait depuis des siècles sans le savoir, sans le vouloir », alors que Shakespeare lit Montaigne, que Thomas Mann et Proust évoquent le temps qui passe, que Tchekov et Sartre racontent de sombres histoires…
Pierre Mertens rappelle dans Le Soir du 16 décembre 1992, la générosité et l’ouverture d’esprit qui animaient Roger Bodart : « il voyageait de façon singulière à travers les pays et les œuvres (…) Il est de ceux qui ont su rendre sa légitimité au mot éclectisme. Nous manquons aujourd’hui d’hommes de cette nature ».
Ces trois rééditions sont une véritable aubaine pour ceux qui désirent rendre notre monde d’aujourd’hui plus lisible et meilleur.
Roger Bodart (1910-1973) était poète, essayiste, journaliste à l’I.N.R. (ancienne RTBF) et au Soir, académicien, Directeur du Service des Lettres, et co-fondateur des Midis de la Poésie. Il a été l’époux de la romancière Marie-Thérèse Bodart, le père de l’écrivaine Anne Richter, et le grand-père de l’autrice Florence Richter.
En savoir plusRipple-marks (1976) est peut-être le plus grave des livres de Muno.
Les chapitres de cet essai, pourtant écrits à divers moments et dans des circonstances variées, sont reliés par un fil conducteur : un regard spirituel sur le monde, qui transcende les expressions poétiques singulières de chacun des auteurs étudiés. Un tel regard est aujourd’hui urgent et nécessaire, et la poésie est à même de le susciter. En effet, elle « offre un démenti calme, clair et ferme à ce qui verrouille le langage humain dans l’étroitesse du matérialisme, le mensonge du mercantilisme ou l’impasse du nihilisme » (Myriam Watthee-Delmotte).