C’est un roman ! Mais ne vous effrayez pas ; non pas un roman comme ceux des Français, chez qui religion et honneur se trouvent cloués au pilori, et marqués au fer rouge du vice libéré, où meurtre et divorce se voient excusés. Non, ce n’est pas ça. Seuls les sentiments purs sont exaltés dans mon Wonderjaer. Cependant, si la vive couleur avec laquelle j’ai peint quelques tableaux devait indisposer certains, je répondrais que je n’ai pas écrit pour des enfants, mais bien pour des hommes. Voici la raison pour laquelle j’ai préféré écrire un roman plutôt qu’une œuvre d’un autre genre ; c’est uniquement dans cette sorte d’écrits que la langue peut s’utiliser dans ses formes les plus fines, par la peinture de toutes sortes de tableaux. Et qu’y a-t-il de plus vaste et de plus riche que l’imagination humaine ?
Henri Conscience
Henri Conscience naît le 3 décembre 1812 à Anvers.
De 1828 à 1830, il exerce les fonctions d’instituteur auxiliaire dans une école d’Anvers. En septembre 1830, il se porte volontaire dans l’armée révolutionnaire belge, participe à la bataille de Leuven (Louvain), où il sera blessé. Il restera cinq ans à l’armée. Il écrit par ailleurs des vers en français et entretient des contacts avec des écrivains flamands réputés, tels que Jan Alfried De Laet, Prudens van Duyse et Theodore van Rijswijck.
Son premier roman, In ’t Wonderjaer (intitulé Vengeance et Pardon pour la présente édition), est alors en gestation et paraîtra en 1837.
À la suite d’une audience que lui accorde Léopold Ier, premier roi des Belges, il reçoit des subsides et conçoit De Leeuw van Vlaanderen (Le Lion de Flandre), qui paraît l’année suivante. Dès 1845, il essaie de jouer un rôle politique et devient une personne controversée. Le 10 septembre 1869, il est nommé conservateur du musée Wiertz à Ixelles : une sinécure destinée à le préserver, dans ses vieux jours, de la pauvreté, voire de la misère.
En 1881, il est proclamé docteur honoris causa de l’université de Louvain.
Il décède le 10 décembre 1883 à Ixelles. Sa tombe porte la fameuse inscription, imaginée par le sculpteur Frans Joris ; « Hij leerde zijn volk lezen » (Il a appris à lire à son peuple).
En savoir plusRipple-marks (1976) est peut-être le plus grave des livres de Muno.
Les chapitres de cet essai, pourtant écrits à divers moments et dans des circonstances variées, sont reliés par un fil conducteur : un regard spirituel sur le monde, qui transcende les expressions poétiques singulières de chacun des auteurs étudiés. Un tel regard est aujourd’hui urgent et nécessaire, et la poésie est à même de le susciter. En effet, elle « offre un démenti calme, clair et ferme à ce qui verrouille le langage humain dans l’étroitesse du matérialisme, le mensonge du mercantilisme ou l’impasse du nihilisme » (Myriam Watthee-Delmotte).